pendergast, ̏ the little things give you away ̋

Chaque année, tous les habitants de l'île reçoivent dans leurs boîtes aux lettres un courrier venant directement du bureau des dirigeants d'oxymore. Ils y trouvent, simplement, un formulaire truffé de questions indiscrètes sur leur passé ainsi que sur leur existence actuelle, chacune savamment posée pour vérifier que ce sont des individus inoffensifs.
Ainsi, vous devez répondre à cet interrogatoire en tentant d'être le plus honnête et explicite possible. Nous comptons sur vous pour développer vos réponses.

• bonjour, mademoiselle, madame, monsieur. Nous sommes bien entendu heureux de la population de notre île mais voulons en savoir plus sur celle-ci, comme à toutes les années. Tout d'abord, qu'est ce qui vous a poussé à venir vous installer à Oxymore ou à y rester?
Honnêtement ? Si je suis à Oxymore, c'est grâce à ma famille adoptive. Je suis arrivée sur l'île, j'étais à peine âgée de quatorze ans. C'était pendant l'été 2003. Je m'en souviens parce que le jour de notre venue, il faisait terriblement chaud. Cela faisait déjà deux ans que je vivais avec les St John, mais je savais qu'ils voulaient plus que tout fuir Londres. Pour eux, tout deux grands chirurgiens de renommée internationale, la vie était devenue trop pénible. Ils avaient eu vent d'une île qui pourraient les accueillir et nous sommes arrivés. Mais, pour être honnête, je me suis enfuie de l'île lorsque j'avais seize ans. Quelques années plus tard, je suis revenue. Oxymore est tellement agréable à vivre. Et trop de choses s'était déjà passé dans ma vie, il me fallait vraiment arrêter dans la course folle de mes caprices. J'avais suffisamment eu de soucis pour le restant de mes jours.

• avez-vous déjà eu quelques problèmes avec la justice, lors de votre enfance, adolescence, ou plus récemment? Ou bien êtes-vous blanc comme neige? Ne vous inquiétez pas, rien de ce que vous écrirez ici ne se retournera contre vous.
Je ne suis pas blanche comme neige. Même si, enfant on m'a souvent appelé Blanche-Neige. Apparemment, je lui ressemble ! Mais passons. Je n'ai pas eu une enfance facile. Mes parents sont aujourd'hui en prison pour avoir tenté de s'emparer du pouvoir par un coup d'état et parce qu'ils étaient des braqueurs de banque mondialement recherchés. Oh, bien sûr, je n'en avais pas conscience. J'étais trop jeune. Mais peut-être que ça ne m'a pas aidé. Petite, j'étais adorable. Jusqu'à mes quinze ans. À cette époque, j'étais tout le temps à cran, nerveuse. Je ne faisais confiance à personne, je me sentais seule. Je ne parlais plus, je fuyais la vie et sa foutue civilisation. Jusqu'à ce que je rencontre un garçon. Conan. Je l'ai tout de suite détesté. Pour bien des raisons. Mais la pire, c'est qu'il savait tout de moi, de mon histoire. Il savait tout sur tout le monde, en fait. Comment il faisait, je ne sais pas. Mais je le haïssais. Je haïssais sa personne tout entière, son sourire en coin, ses yeux pétillants, ses cheveux qui lui tombait devant les yeux, sa démarche négligente, son allure de voyou, ses manières de hippie perdu au milieu d'un monde qui n'est pas le sien. Je le haïssais de chercher à me comprendre. Je le haïssais de me connaître. Je le haïssais de m'approcher. Je me haïssais d'en être tomber amoureuse. C'est lui qui m'a appris la vérité sur mon oncle et ma tante. C'est lui que j'ai suivis lorsqu'il m'a proposé de le suivre, de voyager autour du monde, d'échapper à cet univers d'aristocrates qu'était Oxymore. Comprenez-moi, j'en étais folle. Je lui appartenait corps et âme. Mon premier amour. Et pendant un moment, j'ai cru que ce serait le dernier. Nous avons atteri à Las Vegas. Là-bas, je l'ai épousé. Je n'avais pas dix-huit ans, mais on s'en fichait. Il suffisait de mentir. Nous vivions de rien, de tout. Nous étions heureux. Enfin, je le croyais. Tout ça pour dire qu'à une époque, j'ai été terrible. J'étais la digne fille de mes vauriens de parents. Et je passe sous silence de nombreux actes dont je ne suis pas fière, vol, chantage, insultes, coups et blessures, contre-façon. Peu importe, cette époque est bel et bien résolue.

• avez-vous déjà regretté cet exil sur l'île, avez-vous déjà envié l'existence banale des autres individus de cette planète?
Si j'ai déjà regretté cet exil sur l'île ? Oui bien sûr. Si j'ai déjà envié l'existence banale des autres individus de cette planète ? Oui, bien sûr. Mais je ne crois pas qu'on puisse parler de regrets et de remords puisque je suis venue ici sans y être invitée. Je suis venue ici par obligation envers ma famille, non par choix. J'étais trop jeune pour décider de mon avenir, donc je ne regrette pas d'avoir atterri sur Oxymore. Cependant, il m'est souvent arrivé de penser que je préfèrerais vivre avec les gens « normaux » et que je n'étais pas à ma place sur cette île de luxe. Je les ai donc envié, ces gens « normaux », je les ai maudit, j'ai maudit ces aristocrates bon marché et cette satanée richesse. J'aurais aimé vivre au grand air, j'aurais aimé grandir dans la liberté et non entravée par cette magnificence ou cette angoisse de se faire attraper (quand je vivais encore avec mes parents). C'est pour cette raison que j'ai – à plusieurs reprises - essayé de fuguer et qu'une fois, cela a abouti à un succès.

• Quel a été le plus bel instant de votre existence?
Le plus beau jour de ma vie, j'avais treize ans. C'était un samedi après-midi. Monsieur et Madame St John avaient réussi à se libérer de leurs obligations et, pour la première fois depuis des années, pouvaient passer un week-end complet ensemble. Alors, forcément ils eurent l'idée de nous emmener faire un tour pour la journée, Sid et moi. Sidney, c'est leur fils unique. Mon faux cousin. Lui, voulait aller à la campagne, en Cornouailles. Ses parents préféraient rester en ville. Moi, je m'en fichais, j'étais prête à supporter n'importe quoi, trop heureuse de faire partie d'une vraie famille. C'est alors que tout le monde se mit d'accord pour aller au zoo. Un zoo ? Sid râla... mais finis par accepter de bonne grâce lorsqu'il comprit que je n'y avais jamais mis les pieds. À peine avions terminer de déjeuner - un somptueux repas, au passage, comme je n'avais jamais manger - que nous nous rendions gaiement au ZSL london zoo.
Ce jour-là, il plut. Des trombes et des trombes d'eau. Et j'étais sûrement la fille la plus heureuse du monde.
Mes parents n'avaient guère le temps de m'emmener au zoo. Et, docile fillette que j'étais, lorsqu'ils le pouvaient, je ne réclamais pas. Alors, lorsque cette journée d'avril, je pus enfin visiter un zoo et voir des animaux que jamais auparavant je n'avais soupçonner l'existence, c'était le bonheur à l'état pur. Des gorilles, des girafes, des manchots, des oiseaux aux milles et une couleurs, des poissons exotiques..! Je savais que l'émerveillement, la fascination se lisait sur mon visage. D'ailleurs, Sid prenait un malin plaisir à se moquer de moi. Mais, peu m'importais. J'étais au zoo de Londres ! C'était magique. Nous finîmes par rentrer à la maison, dégoulinant et riant tout les quatre aux éclats, comme une véritable famille.

• Comme tous les autres habitants, vous faites parti, bien évidemment, d'un milieu aisé. Mais alors, comment le vivez-vous? Jouissez-vous pleinement de votre richesse ou préférez-vous laisser celle-ci de coté et profiter de la vie en toute simplicité?
Vous savez, je n'ai pas toujours fait parti de cette jeunesse dorée comme le sont tous ici les habitants d'Ox. Jusqu'à mon adoption, j'étais un jour riche, et le lendemain pauvre. Je sais, c'est étrange dit comme cela, mais c'est la pure vérité. Dans mon enfance, la situation étais toujours irrégulière à cause du... travail de mes parents. Depuis, il est vrai que mon rang social est plus élevé et mon milieu plus aisé. Néanmoins, mon vécu m'a appris que rien n'est jamais acquis, que tout se paye un jour. Donc si j'aime bien porté des Jimmy Choo ou des Louboutin, je ne vis que très simplement. Bien sûr, j'aime les grandes marques, bien sûr j'aime avoir de l'argent ! Mais si j'en suis ici, c'est grâce aux St John que je ne remercierais jamais assez. De plus, j'ai travaillé dur pour en arriver ou j'en suis. Je n'ai pas d'héritage et maintenant que je suis majeur, je ne dépends plus de mes parents adoptifs donc ce que je possède, je ne le dois qu'à moi et moi seule. On peut dire que je suis économe, et que je préfère les petits plaisirs simple de la vie que l'excessive et dure réalité des bourgeois insatisfaits.

• Quelles sont vos affinités avec les autres habitants de l'île ? À votre arrivée, avez-vous bien réussi à vous intégrer ? De manière général, nous devons savoir si vous êtes une personne facile à vivre qui ne nuira pas à Oxymore, mais nous ne nous inquiétons guère.
Oui, je crois. Je crois avoir bien réussi à m'intégrer sur l'île. Enfin, j'en ai la forte impression. Il est vrai que je m'enflamme rapidement et que dans mes moments de passions intenses, mieux vaut m'éviter. Et bien que j'apprécie la solitude, je peux me montrer courtoise et aimable envers les gens lorsqu'il le faut. Bon d'accord. Je ne suis pas sociable. Mais ce n'est pas de ma faute si j'étouffe quand je suis entourée. Les adolescents typiques qui vous prennent de haut de mon collège bourgeois disaient souvent de moi que mon coeur était fait de glace tellement j'étais renfermée et hostile envers eux. C'est juste que je n'aime pas montrer mes sentiments, et ainsi devenir faible. C'es tout. J'vous jure, je suis bien adapté à Oxymore. Je m'y plais et les gens m'ignorent simplement maintenant. Je ne suis pas insensible ! La preuve, je démarre au quart de tour. Les gens aiment bien les impétueux... non ? Je ne suis pas contrariante, je suis facile à vivre. Du moins, à partir de maintenant. Promis !

• Pour finir, comment vous imaginez-vous dans une dizaine d'années ? Oxymore sera-t-il votre futur ? Avez-vous des projets, des rêves qui vous tiennent à coeur et que vous aimeriez réaliser ? Et qu'espérez-vous devenir ?
Le futur n'appartient qu'aux ambitieux. Cela tombe bien, je le suis, ambitieuse. Je compte percer dans l'écriture. C'est mon rêve. Je veux publier. Mais d'abord, je m'imagine bien professeur à l'université. Dans les sciences. La biologie, peut-être. Dans dix ans, je serais célibataire. Je le sais. D'abord parce que je suis une asociale, et ensuite parce que je suis encore mariée et que je n'ai absolument aucune idée de l'endroit où se trouve mon mari que j'ai, soit dit en passant, lâchement abandonné. Et si par miracle, je réussis à divorcer, plus jamais je n'échangerais d'alliances avec quiconque. J'en ai trop souffert. Les cicatrices ne disparaissent jamais complètement, même si elles guérissent et s'apaisent. J'ose espérer qu'Oxymore voudra encore de moi pendant quelque temps. Et si vraiment je n'en peux plus, il me suffira de retourner dans ma ville natale. Tout ce que j'espère et j'aspire, c'est devenir quelqu'un de bien.