Carter Zepplin Sparks || TERMINE

Chaque année, tous les habitants de l'île reçoivent dans leurs boîtes aux lettres un courrier venant directement du bureau des dirigeants d'oxymore. Ils y trouvent, simplement, un formulaire truffé de questions indiscrètes sur leur passé ainsi que sur leur existence actuelle, chacune savamment posée pour vérifier que ce sont des individus inoffensifs.
Ainsi, vous devez répondre à cet interrogatoire en tentant d'être le plus honnête et explicite possible. Nous comptons sur vous pour développer vos réponses.

• bonjour, mademoiselle, madame, monsieur. Nous sommes bien entendu heureux de la population de notre île mais voulons en savoir plus sur celle-ci, comme à toutes les années. Tout d'abord, qu'est ce qui vous a poussé à venir vous installer à Oxymore ou à y rester?
Mes parents avaient besoin de repos ; je crois que c'est pour ça que nous sommes venus ici. Ma mère, rédactrice en chef d'un journal très connu commençait sérieusement à devenir invivable. Du stress en permanence. De son côté, mon père, à la tête d'une des plus grosses banque des États-Unis, gérait plutôt bien son affaire. Il s'est rendu compte que ma mère devenait complètement hystérique à Boston, là ou nous habitions. Et puis, il a entendu parlé de cette île, Oxymore, et le paysage paradisiaque l'a emballé. Au départ, seule ma mère était censée s'y rendre mais finalement, nous l'avons tous suivie. Bien entendu, personne n'a jamais demandé mon avis ni même celui de mon frère ; on devait se contenter de suivre, point final. D'un côté, je me sentais bien à Boston ; mes amis "normaux" ne me considéraient pas comme une fille de riche. Pas comme ici.

• avez-vous déjà eu quelques problèmes avec la justice, lors de votre enfance, adolescence, ou plus récemment? Ou bien êtes-vous blanc comme neige? Ne vous inquiétez pas, rien de ce que vous écrirez ici ne se retournera contre vous.
Je n'ai que dix-sept ans ;vous croyez sincèrement que j'ai eu le temps de faire la moindre bêtise depuis ma naissance ? Honnêtement, je crois que si mon casier judiciaire n'était pas vide, mon père me dirait le reste, du genre "Ce n'est pas parce que nous sommes riches que tu dois tout te permettre. j'ai travaillé dur pour me payer tout ça et tu feras pareil. Alors tu arrêtes cette conduite déplorable." Donc ça ne me donne pas envie d'enfreindre la loi. Et puis, je ne suis pas le genre de fille à faire ça.

• avez-vous déjà regretté cet exil sur l'île, avez-vous déjà envié l'existence banale des autres individus de cette planète?
Je ne me suis jamais posée la question. Comme je l'ai écrit plus haut, je regrette Boston car j'ai tous mes amis là bas. De plus, la ville me plaisait énormément. Mon père m'a dit que je pouvais partir dès que j'obtenais mon examen de fin de lycée et c'est ce que je ferais. Il est hors de question que je m'enterre sur une île pour le restant de ma vie. Mais d'un autre côté, on a tout ici, alors pourquoi s'en priver ? Ce n'est pas spécialement être privilégié mais on a l'avantage d'être peu, donc tout le monde se connaît.

• Quel a été le plus bel instant de votre existence?
Bonne question. Probablement lors de mes vacances à Savannah, en Géorgie. Je suis partie là-bas avec l'une de mes meilleures amies et même si ce n'est pas les Hamptons, le paysage était carrément magnifique. Des plages à pertes de vue, avec personne. Juste nous, en train de courir comme des enfants sur le sable. Je le conçois, c'est vraiment cliché. Mais j'adore ces moments ou je retombe en enfance, ou personne n'est là pour vous rappeler que vous devez vous tenir du fait de votre condition sociale. Nous avons passé nos vacances à dessiner et prendre des photos avec ses amis et bien sûr j'y ai croisé un garçon formidable, que j'oublierais pas. Nous ne sommes pas sortis ensemble mais c'est de loin une personne fantastique. Vous savez, c'est le genre à vous protéger, et à ne pas vous juger rien qu'en vous voyant.

• Comme tous les autres habitants, vous faites partie, bien évidemment, d'un milieu aisé. Mais alors, comment le vivez-vous? Jouissez-vous pleinement de votre richesse ou préférez-vous laisser celle-ci de coté et profiter de la vie en toute simplicité?
Je profite de ma richesse, bien sûr mais je ne l'étale pas. Beaucoup pensent qu'être riche est un avantage et c'est vrai mais il n 'y a pas que ça dans la vie et puis, je me dis toujours que la richesse est le fruit d'un travail acharné. Pourquoi certains se montent à cause de leur richesse ? Je n'en sais rien. Peut être le fait de tout se permettre. Et puis, ça vient aussi de l'éducation. Mes parents nous ont toujours dit qu'on pourrait avoir ce dont on avait envie si les résultats scolaires et la conduite suivaient. En général, dès qu'on fait un excès ou même une réflexion sur notre fortune, on se fait remettre à notre place.

• Quelles sont vos affinités avec les autres habitants de l'île ? À votre arrivée, avez-vous bien réussi à vous intégrer ? De manière général, nous devons savoir si vous êtes une personne facile à vivre qui ne nuira pas à Oxymore, mais nous ne nous inquiétons guère.
Les autres habitants...A la base, je suis une fille plutôt réservée qui n'arrive pas à aller vers les autres. Et puis, j'ai l'impression de ne rien avoir en commun avec certains à part l'argent. Mais ça ne m'intéresse pas, être une fille superficielle qui déambule dans les couloirs du lycée avec le visage peinturluré de maquillage rose et les ongles rouges. Bon, ce n'est pas le cas pour tout le monde, je sais bien. Après, je ne suis pas un élément très perturbateur ; alors vous pouvez compter sur moi pour ne pas embêter les chers petits habitants d'Oxymore.

• Pour finir, comment vous imaginez-vous dans une dizaine d'années ? Oxymore sera-t-il votre futur ? Avez-vous des projets, des rêves qui vous tiennent à cœur et que vous aimeriez réaliser ? Et qu'espérez-vous devenir ?
Oxymore ne sera pas mon futur. Dès que j'aurais obtenu mon diplôme, je compte bien partir pour Yale et y suivre des études d'économie. Je veux monter ma propre entreprise et réussi, comme mon père. Je m'installerais sûrement à Londres ou à Boston. En tout cas, une chose est certaine ; je veux travailler dur pour m'offrir tout ce que mes parents ont pu se payer.